vendredi 4 janvier 2008

Les surprises de 2008

Chaque année, le rituel des prévisions économiques 2008 reprend, sans que personne ne sache vraiment si les paroles des experts se trouvent ou non vérifiées à la fin de l'année.

En toute franchise, en Janvier 2007, je n'avais pas vu de crise se profiler, que ce soit dans l'immobilier ou sur d'autres marchés. Le réveil date de février-mars 2007, date de début de ce blog, et après consultation de différents sites et sources d'information. La leçon que j'en tire, c'est que l'élement décisif, c'est l'information, qui, couplée avec le bon timing, permet à certaines personnes plus malines de gagner gros.

Cette année, afin de me tenir informée et ne possédant pas toute la science, je lisais donc les quelques conseils procurés par des gérants. L'un des plus suivis est Byron Wien, un ancien de Morgan Stanley et aujourd'hui à la tête d'un fonds.

Voila sa liste de "surprises" (merci au Wall Street journal pour ce résumé):
-The U.S. economy suffers its first recession since 2001.
-S&P earnings decline year-over-year, and the index falls 10%.
The dollar strengthens in the first half to $1.35 against the euro, but weakens in the second half.
-Inflation rises above 5% on the CPI and 10-year yields hit 5%. Stagflation becomes a prominent topic on the campaign stump and in op-ed pieces.
-The price of oil goes down early in the year (to $80 a barrel) and up again later, rising to $115 a barrel in the second half of 2008.
-Agricultural commodities remain strong. Corn rises to $6.00 a bushel and cotton to 85 cents a pound, while gold reaches $1000.
-The Chinese stock market gets hit sharply as the Chinese economy slows. China revalues the remnimbi by another 10%. (As an aside he expects several long-distance runners to beg off from the Beijing Olympics due to air quality issues.)
-Russia’s new president, Dmitry Medvedev, becomes more assertive in world affairs, and Russia and Brazil lead the BRIC stock markets, while the Gulf Cooperation Council markets begin to attract interest among emerging market investors.
-Infrastructure improvement will be an important election theme, bolstering construction and engineering stocks. Water supply becomes a criticial problem world-wide.
-Barack Obama is elected president in a landslide over Mitt Romney, and the Democrats end up with 60 Senate seats and a clear majority in the House of Representatives.


Un autre gérant, Doug Kass de Seabreeze Partners Management, a également pris l'habitude de publier sa liste de 20 "surpises" pour 2008. Il ne m'en voudra pas de les résumer ici:
-la crise de l'immobilier se poursuit par une crise de la consommation
-les profits des entreprises plongent de 10%
-l'indice S&P500 baisse entre 5% et 10% sur l'année
-la volatilité reste très forte et les mouvements des marchés sont saccadés. Les investisseurs individuels perdent la boussole
-la FED baisse ses taux aggressivement mais ne peut empecher l'économie de sombrer
-la croissance Européenne est touchée encore plus que les USA, notamment la France et le Royaume Uni
-le marché bousier Chinois double une fois de plus, malgré les protestations sur l'existence d'une bulle
-le Japon fait son grand retour sur la scène internationale avec une croissance retrouvée
-le marché immobilier US s'écroule et plusieurs entreprises en sont victimes. Un plan Marshall est mis en oeuvre, trop tard et sans effet
-les valeurs financières s'écroulent encore plus. Citigroup et Bank of America fusionnent, Blackstone est délisté, HSBC rachete Bear Stearns
-Apple, RIM et Google sont les stars du début d'année mais laissent ensuite la place aux biotech qui présentent un profil de croissance plus important
-quelques opérations de M&A spectaculaires ont lieu pour créer des synergies, notamment eBay et Yahoo
-de même, certaines entreprises vont vendre des actifs non stratégiques, tel GE se débarrasant de NBC
-le dollar continue sa plongée de 10%
-le pétrole atteint 135$
-le cybercrime explose
-les hedge funds sont en difficultés et de nombreux investisseurs retirent leurs fonds
-des scandales éclatent sur la tenue des comptes, rappelent l'affaire Eron
-les démocrates gagnent la présidentielle
-le protectionnisme refait son apparition et même les fonds souverains sont attaqués


Après avoir consulté ces "prédictions", il m'est apparu que beaucoup d'entre elles ne sont pas d'une grande utilité pour investir et gagner gros. Mon premier pari pour l'année 2008 sera basé sur l'effondrement de l'économie Américaine. Etant donné que de nombreuses personnes évoquent désormais la récession et que le secteur de l'immobilier n'est pas prêt de se relever mais que tout le monde commence à s'en rendre compte, j'ai donc tenté d'identifer les biens de consommation qui seraient le plus affectés par une baisse de la consommation. A ce jour, un seul secteur m'apparait interessant : l'automobile. Si les ménages diminuent leurs dépenses, l'automobile sera pour moi le secteur le plus affecté et présente donc une opportunité pour des ventes à découvert ou des achats de PUT.
Je suis donc rentrée à l'achat de PUT sur Renault hier (jeudi 4 janvier, environ 94€), déjà en forte baisse. Mais il semble que pour une fois, le marché ne s'est pas laissé berner et ait compris ce qui allait arriver puisque Renault et Peugeot perdent aujourd'hui plus de 7%!! Je pense que le potentiel de baisse reste très important, peut être 30% à 50% sur l'année.

Que penser des valeurs financières ? Certains parient sur un rebond, je pense pour ma part que le secteur sera laminé encore une fois en 2008. Mais il présente des risques majeurs de consolidation. Natixis m'a fait plaisir au cours de l'année mais il est encore trop tôt pour envisager une nouvelle chute brutale.

samedi 29 décembre 2007

Quelle année !

2007 fut une année exceptionnelle pour le monde financier et politique. Les crises et les chocs se sont succèdés, les indices boursiers ont vacillé et joué du yo-yo, sans pour autant terminer l'année sur une note trop négative. La reine volatilité a refait son apparition et le risque a pu être rémunéré à sa juste valeur. Sur le plan intérieur, la France a fait le choix de l'escroc Sarkozy.

Alors bien sûr je ne vais pas faire de triomphalisme parce que le crash immobilier a bien eu lieu conformémant à mes attentes, et que le nouveau président fait comme prévu des grands gestes pour pas grand chose, mais cela devrait servir de leçon à tous ceux qui pensent que l'histoire ne se répète pas et que cette fois-ci est (ou sera) différente.

Je tacherai de faire mes prévisions économiques personnelles et d'indiquer mes convictions dans un post plus long courant Janvier. Mais je tiens à vous prévenir : 2008 est l'année de tous les dangers, l'année des élections américaines, sans perdre de vue que les pertes des banques vont continuer à se creuser.

D'ici la, joyeux noël et - tout de même - bonne année !

jeudi 27 septembre 2007

Budget 2008 : la farce continue

Avec la présentation du projet de loi de finances 2008, Sarkozy et son équipe continuent de se ridiculiser et de discréditer la France aux yeux de ses voisins Européens.
Quelques jours à peine après la révélation de François Fillon sur l'Etat en situation de quasi-banqueroute, alors que le taux de chomage "officiel" (celui controlé par le pouvoir aux accents soviétiques) va être révisé à la hausse dans les prochains jours, et malgré le ralentissement de la croissance mondiale et l'inquiètude grandissante aux Etats-Unis, le gouvernement table sur une croissance du PIB de 2% à 2,5% (soit plus que la croissance 2007) et présente un budget en déséquilibre, bien loin des ambitions présidentielles.

Les baisses d'impôts promises seront présentes mais leur coût est si exhorbitant que leur utilité dans la relance de l'économie sera proche de ZERO. Et rien ne pourra empecher l'éternel déficit de la Sécu...

mercredi 19 septembre 2007

La FED baisse ses taux à 4.75%

Cette baisse de 0.5% - alors que la majorité du marché attendait un premier pas de 0.25% - est significative du malaise existant à l'heure actuelle sur les places financières mondiales.

L'impulsion violente donnée par la FED Américaine est dirigée en priorité pour contrer 2 effets :
- la crise de crédit, affectant l'immobilier US principalement. La question n'est pas de savoir si la chute sera brutale ou douce, mais plutot d'estimer quel nombre à 2 chiffres marquera la baisse en pourcentage du parc immobilier.

- la crise de liquidité affectant le marché monétaire à l'échelle mondiale. Cette crise de liquidité court terme oblige des entreprises à utiliser les lignes de crédit des banques et lorsque celles ci décident de couper les vannes, les dirige tout droit vers la banqueroute.

La baisse de 0.5% s'adresse en priorité au second effet, afin de redonner confiance aux investisseurs. Le mouvement de la FED est donc assez intelligent et j'avoue avoir été surprise agréablement par cette baisse, car c'était la seule solution à court terme.

Mais ne nous y trompons pas : la situation est dramatique, et si par chance la crise de liquidité prend fin sur les marchés monétaires et de dettes, ce qui est la PRIORITE à l'heure actuelle, la situation de l'immobilier ne pourra que s'aggraver.

mercredi 5 septembre 2007

Lagarde ridicule

L'OCDE annonce une révision de sa prévision de croissance pour la France à 1.8% au lieu des 2.2% escomptés. Christine Lagarde, la calamiteuse minitre des Finances assure au contraire que la prévision de Bercy de 2.25% reste d'actualité, rappelant au passage que de toute façon le budget a été bouclé sur cette base, et que si déficit il y a, cela sera à cause de cette satané croissance un peu trop molle.

Si Lagarde est autant insatisfaite des prévisions de l'OCDE, autant réclamer sa suppression tout de suite; puisqu'apparemment les gouvernements ne tiennent vraisemblablement pas compte de ses études cela ne sera pas une grande perte..

A moins bien sûr que la position de Lagarde sur une croissance à 2.25% soit elle-même fantaisiste..

mardi 21 août 2007

Peut mieux faire.

Le fonds de la célèbre business school Américaine Harvard, qui recueille et gère chaque année les généreuses donations de ses anciens élèves ou de mécènes (plus de 30 milliards tout de même!), vient de rendre son rapport de performance sur l'année écoulée. Verdict méritant : + 23%.

Toutefois, pendant exactement la même période, le Dow Jones s'est adjugé la bagatelle de 20% de hausse, ce qui permet de relativiser cette performance, et risque de relancer le débat sur les (Gros) bonus que s'octroient les gérants de ce fonds..

Esperons pour eux qu'ils sauront naviguer prudemment dans les prochains mois.

samedi 18 août 2007

Crise financière : les banques centrales sont responsables

Bon nombre d'observateurs critiquent aujourd'hui les hedge funds et les banques d'affaires, responsables selon eux des actuels tourments des marchés financiers. A les croire, les innovations de l'ingénierie financière ont rendu leurs opérations "opaques" et plus risquées, et il serait grand temps d'intervenir pour rétablir plus de transparence et de controle quant aux activités financières. Cela ne m'étonnerait d'ailleurs guère que l'idée d'une nouvelle taxe prétendumment "anti-spéculation" (ou, diront-ils, pour créer un système de compensation en cas de crise grave) ne refasse vivement son apparition prochainement, au moins en France.

Mon sentiment est pourtant différent, et en cohérence avec ma critique sans relache de la définition de l'inflation par la hausse des prix plutôt que par la création monétaire.
Car qu'a t-on vu se développer ces dernières années ? La mondialisation des échanges qui a permis une hausse modérée des prix des biens manufacturés (il en va autrement des services!) et la lutte des banques centrales contre cette soi disante inflation sans s'en donner réellement les moyens. Ainsi, je pense que Mr Trichet et la BCE ont bien compris les dangers de l'expansion monétaire mais n'ont pas osé aller au bout de leurs conclusions. Quant aux Américains, ils ont tout simplement supprimé la publication de leurs agrégats monétaires étendus pour éviter de montrer les dégats.

Leur inaction coute aujourd'hui très chère à des millions de personnes, et je ne parle pas des gérants de hedge funds mais plutôt de ces ménages endettés bettement pour une maison dont ils ne finiront jamais de payer le prêt.

Et lorsque je parle d'inaction, c'est pour souligner le fait que les taux d'intêrets auraient du être relevés beaucoup plus que leurs niveaux actuels, et que la FED et la BCE sont coupables d'avoir laissé le crédit facile inonder les marchés pour aboutir aux dégats actuels.

Avec des taux beaucoup plus forts, les prêts subprime n'auraient pas été possible puisque jamais ces ménages n'auraient pu emprunter à 15% par an. Le retour demandé sur les investissements auraient également été modifié en conséquence et la croissance affaiblie, mais elle aurait correspondu à une hausse réelle de l'activité économique et non à l'injection de plus de monnaie dans le système.


Aujourd'hui, la situation est délicate car nous avons à faire à une crise de confiance. La preuve, c'est que les actifs qui ont fait défaut, ce ne sont pas les entreprises sous LBO ou les Corporate, mais des prêts immobiliers risqués. Mais comme je l'avais prédit, les conditions du crédit se resserant pour les moins aisés, les entreprises ou particuliers solvables sont quand même affectés.

A quoi allons nous assister prochainement ? A la hausse du nombre de défaut et de
faillite. La précision sera mécanique. Car les défauts ne demeuraient bas que parce que le crédit était peu cher et que les entreprises en difficultés pouvaient donc se refinancer. Ce ne sera plus le cas.
Et les économistes qui osent dire que nous n'avons rien à crainde et que la santé des entreprises est bonne sont des charlatans car cette santé ne dépendait que de traitements efficaces qui vont disparaitre. Ils n'ont pas encore compris que la source de vie s'était eteinte. Le réveil sera brutal.

vendredi 27 juillet 2007

La contagion a bien eu lieu !

Le resserement des conditions de crédit s'étend au delà des seuls prêts subprime aux ménages et menace désormais les financements LBO et les émissions obligataires. C'est évidemment la conséquence logique du réveil des investisseurs qui demandent désormais des taux de rentabilité beaucoup plus élevés pour souscrire à toute émission high-yield, du moins quand ces émissions parviennent au marché étant donné que presque personne ne veut désormais s'engager à investir dans les CDO/CLO et autres montages titrisés.

Le credit crunch que j'évoquais fin juin est donc sur toutes les lèvres ces derniers jours, et la crise ne fait que commencer. Peu de personnes se sont rendus compte que l'argent bon marché ne venait pas des taux d'intêrets plus ou moins élevés mais de la bonne volonté des investisseurs qui ont inondé le marché de liquidités, sans demander en retour de rentabilité suffisante : la notion de couple risque/rentabilité n'a pas été respecté et nous n'assistons pas à un simple réajustement des primes de risque mais à une vraie crise puisque les actifs qui ont été financés représentent plusieurs centaines de millards de dollars et se révelent être d'une qualité très incertaine..

L'effet dévastateur supplémentaire vient du caractère mondialisé de ce phénomène : tous les théories débiles sur les corrélations entre classes d'actifs et la diversification sont à jeter, puisque désormais la psychologie des investisseurs devient l'élement moteur du marché, et leur sentiment principal est désormais la peur. Ce que les professionnels voyaient comme une bonne chose - la diffusion du risque à de nombreuses entités différentes pour mieux se le partager - va agir comme un catalyseur pour que tout le monde se sente concerné par la crise, panique et entraine une chute encore plus brutale.

Le meilleur moyen pour profiter de cette baisse est d'identifier les sociétés les plus exposées à ces problèmes. Coté français, Natixis est l'une des banques les plus impliquées sur le marché du Credit aux Etats-Unis. L'achat d'un Put en début de semaine aurait permis de bénéficier de la chute de plus de 11% de l'action en 5 jours. Mais l'opportunité est toujours valable si l'achat se fait aujourd'hui...

Entendu aux infos de France 3 ce midi : "Paris repart à la hausse, l'orage est passé". Certains risquent d'être surpris.

jeudi 5 juillet 2007

Le rachat du journal Les Echos

La volonté affichée par Bernard Arnaud de racheter le journal "Les Echos" a suscité une levée de boucliers dans le monde restreint de la presse économique. L'industriel, déjà propriètaire de "La Tribune", n'entend pas participer à la consolidation des journaux économiques mais tente plutôt de swapper son journal par son concurrent plus gros, l'offre qu'il a faite pour Les Echos se situant aux environs de 240 millions d'Euro.
Certaines personnes pensent que c'est très cher payé pour un quotidien réalisant 10 M€ de bénéfices par an, mais d'une part La Tribune en perd 12 M€, et d'autre part la réputation et la qualité des Echos en fait une proie de choix pour qui voudrait prendre sérieusement place dans le paysage journalistique. De plus, à titre de comparaison, le site AuFéminin.com, lamentable par son contenu, est valorisée près de 285 M€ (même s'il est vrai que sa marge et sa croissance sont importantes).

Inévitablement, les critiques se focalisent sur les menaces qui pèsent sur la rédaction lorsqu'un industriel proche du pouvoir lorgne sur un journal : l'indépendance et la ligne éditoriale sont en danger, et Arnaud va utiliser le quotidien pour enjoliver son groupe (LVMH) et son ami le président Sarkozy.

Si l'on regarde ce qui est arrivé au Figaro depuis la prise de controle par Dassault, on est effectivement en droit de craindre, sinon une perte d'indépendance, au moins une sérieuse baisse de qualité, le manque d'audace flagrant de ce journal s'affirmant de jour en jour! Il n'est pas si loin le temps où étudiante je lisais le Figaro avec interêt tant pour son sérieux que pour son contenu vraiment dense. Aujourd'hui, ce journal aux couleurs insipides ne propose plus rien, et même le Figaro Magazine a été vidé de son sens.
Par opposition, Le Monde ne s'est jamais porté aussi mal, et pourtant il n'est pas la propriété d'un grand patron proche du pouvoir. Son contenu a également évolué vers la médiocrité et l'aile gauche depuis un certain temps, aussi je ne déplore pas ses soucis financiers et éditoriaux actuels.

J'ai relevé récemment - dans Les Echos du début de semaine en fait - un article intéressant qui tentait de justifier autrement l'intêret pour Arnaud de mettre la main sur ce journal : l'économie et l'argent étant mal-aimées en France, les grands patrons sont attirés par tout ce qui pourrait leur apporter un peu de renommée et de reconnaissance dans leur propre pays, à savoir tout ce qui touche à l'artistique ou au culturel, et donc les journaux sont une cible interessante pour eux. Les Echos peuvent donner à Arnaud la crédibilité et le respect qu'il ne gagnera jamais avec ses milliards. Je pense que ce point de vue est totalement juste et permet d'éclairer sa quète actuelle pour racheter ce quotidien de réfèrence du milieu des affaires.


En parcourant la presse internationale ces derniers jours, le sujet Européen apparait en première ligne, et les critiques fusent envers Sarkozy qui est accusé de menacer la stabilité de la zone Euro, et qui surtout commence à sérieusement irriter tous ceux qui souhaitent que la France respecte ses engagements en matière de réduction de dettes. Sarkozy tente depuis quelques jours de convaincre les autres Européens de laisser un peu de répit à la France pour réaliser d'abord toutes ses réformes et regagner en compétitivité. Gageons que la récupération de la carte de crédit de Cécilia (Bobone pour les intimes) était l'une de ces premières réformes indispensables.

mercredi 27 juin 2007

Evénements récents : taux d'intérêts, liquidités.

Depuis quelques jours, deux hedge funds contrôlés par la branche Asset Management de Bear Stearns sont sous les feux de l'actualité en raison des déboires qu'ils connaissent. Ces hedge funds ont en effet massivement parié sur le marché de l'immobilier Américain - au moment même où celui-ci subissait une forte correction - à travers notamment la souscription à des prêts à haut rendements adossés aux prêts subprime des ménages Américains.
Comme je l'ai déjà signalé dans différents articles de ce blog, les conséquences de l'explosion de ces prêts "pourris" ne pouvaient être que négatives et les opérateurs commencent enfin à se rendre compte de l'étendu des dégâts.

Cela fait maintenant plusieurs mois que je ne cesse d'interpeller mon entourage sur le véritable excès du marché, qui n'est pas au niveau de l'inflation ou des taux relativement bas, tels qu'on nous le présente régulièrement, mais dans la trop abondante liquidité disponible. Cette liquidité est celle qui crée de l'inflation, au sens de l'excès de création monétaire, l'agrégat M3 de la Banque Centrale Européenne étant tout de même à plus de 10% de croissance en rythme annuel depuis le début de l'année. Contrairement aux dires des pourfendeurs de la BCE, Mr Trichet respecte très bien le mandat qui lui a été confié en veillant sur le rythme de création monétaire, mais il n'a pas de prise, hors des taux directeurs, sur la capacité des banquiers à créer d'avantage de liquidités.

Ainsi, les marchés financiers et les investisseurs, armés par un sentiment bullish et surtout leurrés par des taux de défaut très faibles, se sont rués vers toutes les classes d'actifs existantes et ont inondé de liquidité tous les acteurs financiers. Structurellement, cette manne financière se comprend car l'investissement « actif » est devenu une règle d'or dans beaucoup de pays (voir l'assurance vie en France) et le monde connaît une phase de croissance depuis 2003 à un rythme rarement atteint dans l'histoire, même si nos chers petits français ne s'en rendent pas compte.

Ainsi, l'argent n'a jamais été aussi facile à lever, du moins lors des années 2005-2006, et la preuve en est du boom des fonds de Private Equity et des Hedge Funds qui ont souvent été sursouscrits. De même, les banques prêteuses ont facilement placé les titres de dettes qu'elles ont arrangées, les investisseurs recherchant aussi bien des actifs haut-rendement que des prêts sécurisés. Le talent de l'ingénierie financière aidant, tous ces titres plus ou moins risqués se sont arrachés comme des petits pains, tandis que les règles basique de coût du capital et de retour sur risque ont été oubliées.
Prenons l'exemple de l'indice CAC 40 : de Août 2003 à nos jours, l'indice a quasiment doublé, ce qui correspond pratiquement à un taux actuariel de 20% par an. Avec une telle performance, quelles sont raisonnablement les fonds qui justifient les frais prélevés sur leur capacité à battre l'indice de référence? Très peu en vérité, et je ne veux même pas parler de la volatilité de leurs résultats par rapport au marché ! (de toute manière, ces fonds faisant l'indice, seule une minorité de gérants est statistiquement capables de battre l'indice)

Aujourd'hui, les investisseurs commencent donc à prendre conscience que les capitaux investis n'ont pas forcément été correctement employés d'une part, et que d'autre part les risques encourus auraient du exiger un retour bien supérieur. Les gérants qui ont réussi à lever les fonds pendant cette période dorée sont des gens très malins qui ont su profiter d'une idée de base du capitalisme : utiliser l'argent confié par d'autres pour s'enrichir au passage, c'est l'effet de levier, et la finance mondiale est aujourd'hui complètement "leveragée" (en franglais), créant un surplus de liquidité en dehors des besoins.

J'entends ici ou la des personnalités telles que Mr Blankfein, CEO de Goldman Sachs, évoquer le danger d'un Credit Crunch, c'est à dire de durcissement des conditions d'obtention du capital. J'en suis plutôt contente car cela démontre que certains acteurs - et pas les moindre - ont bien compris que la liquidité trop facile avait créé une bulle. Reste à savoir si son éclatement surviendra.