jeudi 5 juillet 2007

Le rachat du journal Les Echos

La volonté affichée par Bernard Arnaud de racheter le journal "Les Echos" a suscité une levée de boucliers dans le monde restreint de la presse économique. L'industriel, déjà propriètaire de "La Tribune", n'entend pas participer à la consolidation des journaux économiques mais tente plutôt de swapper son journal par son concurrent plus gros, l'offre qu'il a faite pour Les Echos se situant aux environs de 240 millions d'Euro.
Certaines personnes pensent que c'est très cher payé pour un quotidien réalisant 10 M€ de bénéfices par an, mais d'une part La Tribune en perd 12 M€, et d'autre part la réputation et la qualité des Echos en fait une proie de choix pour qui voudrait prendre sérieusement place dans le paysage journalistique. De plus, à titre de comparaison, le site AuFéminin.com, lamentable par son contenu, est valorisée près de 285 M€ (même s'il est vrai que sa marge et sa croissance sont importantes).

Inévitablement, les critiques se focalisent sur les menaces qui pèsent sur la rédaction lorsqu'un industriel proche du pouvoir lorgne sur un journal : l'indépendance et la ligne éditoriale sont en danger, et Arnaud va utiliser le quotidien pour enjoliver son groupe (LVMH) et son ami le président Sarkozy.

Si l'on regarde ce qui est arrivé au Figaro depuis la prise de controle par Dassault, on est effectivement en droit de craindre, sinon une perte d'indépendance, au moins une sérieuse baisse de qualité, le manque d'audace flagrant de ce journal s'affirmant de jour en jour! Il n'est pas si loin le temps où étudiante je lisais le Figaro avec interêt tant pour son sérieux que pour son contenu vraiment dense. Aujourd'hui, ce journal aux couleurs insipides ne propose plus rien, et même le Figaro Magazine a été vidé de son sens.
Par opposition, Le Monde ne s'est jamais porté aussi mal, et pourtant il n'est pas la propriété d'un grand patron proche du pouvoir. Son contenu a également évolué vers la médiocrité et l'aile gauche depuis un certain temps, aussi je ne déplore pas ses soucis financiers et éditoriaux actuels.

J'ai relevé récemment - dans Les Echos du début de semaine en fait - un article intéressant qui tentait de justifier autrement l'intêret pour Arnaud de mettre la main sur ce journal : l'économie et l'argent étant mal-aimées en France, les grands patrons sont attirés par tout ce qui pourrait leur apporter un peu de renommée et de reconnaissance dans leur propre pays, à savoir tout ce qui touche à l'artistique ou au culturel, et donc les journaux sont une cible interessante pour eux. Les Echos peuvent donner à Arnaud la crédibilité et le respect qu'il ne gagnera jamais avec ses milliards. Je pense que ce point de vue est totalement juste et permet d'éclairer sa quète actuelle pour racheter ce quotidien de réfèrence du milieu des affaires.


En parcourant la presse internationale ces derniers jours, le sujet Européen apparait en première ligne, et les critiques fusent envers Sarkozy qui est accusé de menacer la stabilité de la zone Euro, et qui surtout commence à sérieusement irriter tous ceux qui souhaitent que la France respecte ses engagements en matière de réduction de dettes. Sarkozy tente depuis quelques jours de convaincre les autres Européens de laisser un peu de répit à la France pour réaliser d'abord toutes ses réformes et regagner en compétitivité. Gageons que la récupération de la carte de crédit de Cécilia (Bobone pour les intimes) était l'une de ces premières réformes indispensables.