Récession dites vous ?
J'évoquais, dans un des premiers messages, le mot qui a la faculté de faire trembler les marchés financiers en cette période trouble : la récession.
Cet internaute Américain a longuement étudié le marché immobilier de son pays, et mentionnait dès Janvier 2007 ses craintes de voir l'économie US plonger en récession au cours de l'année, en se basant pour bonne part sur la dégradation du logement, entraînant plus de chômage et moins de dépenses de la part des consommateurs, phénomène qui permettait jusqu'à lors de soutenir la croissance de l'économie Américaine.
En me promenant sur son blog, j'ai pu constater que le marché immobilier aux Etats-Unis battait effectivement de l'aile :
- les stocks de biens à vendre sont au plus haut depuis 25 ans
- la part des remboursements du crédit immobilier dans le revenu des ménages est au plus haut depuis 25 ans
- la part de crédit disponible générée par la hausse des prix de l'immobilier est au plus bas depuis 25 ans
- les cas de défaut de paiement sont au plus haut depuis 15 ans
- les pertes d'emplois du secteur de la construction sont estimées de 400000 à 600000 dans les 6 prochains mois
- et pour couronner le tout, de nombreux États du pays enregistrent, depuis quelques mois, une chute des prix moyens des biens à la vente !
Ses conclusions sont assez claires : les prix de l'immobilier vont baisser dans leur ensemble, plus ou moins fortement, mais sur une période assez longue (en raison des caractéristiques même de ce marché) ; le nombre de transactions va décliner rapidement, les ménages préférant ne pas vendre/acheter plutôt que de perdre de l'argent sur une transaction ; et enfin le crédit disponible sur l'immobilier (home equity) va baisser, entraînant une baisse de la consommation.
Sub-prime
Si la plupart de ces phénomènes avaient été prévus par les banques et cet internaute, il restait à trouver un élément déclencheur qui puisse rappeler aux investisseurs que le risque existe toujours. Le plongeon boursier de la semaine dernière, bien que trouvant son origine dans la chute de l'indice de Shanghaï, a permis aux marchés de trouver un catalyseur bien réel pour prolonger leur septiscisme, qui possède en outre l'avantage d'affecter le marché US : les sub-prime loans, véritables "prêts pourris", accordés aux ménages ne pouvant bénéficier des conditions normales de crédit.
Ces sub-prime loans ont été diffusés par des organismes financiers dont un bon nombre ont déjà fait faillite ! Le site suivant dispose ainsi d'un "mortgage lender implode-o-meter", qui affiche à ce jour 31 cas de faillites parmi ces sociétés. Et les noms que l'on retrouvent ne sont pas d'obscures banques régionales : Wells Fargo, HSBC Household Finance, New Century, CountryWide, Fremont General, etc..
Ce dernier, 5e plus gros prêteur de sub-prime, a déjà cessé ses activités, et aujourd'hui New Century vient de perdre plus de 60% en bourse ; sans injection d'argent frais, il va droit à la faillite lui aussi. Pendant ce temps, leur compère CountryWide était downgradé par les banques d'affaires.
Évidemment, les banques ont senti le vent tourner avant les autres, et ont déjà entamé un assainissement de leurs engagements dans ces activités très risquées. A titre d'exemple, JPMorgan indiquait posséder près de $US 13.2 milliards de sub-prime loans dans une présentation début Janvier, et annonçait déjà à l'époque qu'elle était en train de se débarrasser de ces crédits. HSBC pour sa part, a eu moins de nez et à perdu près de $US 14 milliards de capitalisation boursière depuis qu'elle a indiqué avoir largement augmenté ses provisions pour clients douteux.
Contagion
On peut raisonnablement espérer que si le secteur des sub-prime venait à imploser complètement, les principaux organismes financiers seraient épargnés, ces activités représentant à peine 5% de leur chiffre d'affaires total. Toutefois, il existe un véritable risque de contagion à toute l'économie car le gouvernement US a d'ores et déjà indiqué qu'il allait renforcer les critères pour l'attribution des prêts standards, dits "prime loans". Ce qui signifie que les finances des ménages risquent de se trouver très tendues au moment où la chute de l'immobilier va commencer à les affecter, aggravant alors la baisse de leurs dépenses et accélérant ainsi la chute vers la récession.
Il ne s'agit là bien entendu que de suppositions. Mais les récessions n'interviennent que lorsqu'un élément déclencheur suffisamment puissant se réalise, ses effets psychologiques entraînant un brutal crack à la baisse quelles que soient les véritables conditions économiques du moment. L'éclatement de l'immobilier aux Etats-Unis est un candidat sérieux.